10 normalisations d’EBITDA à faire absolument

Comme vous, nous avons vu passer de nombreuses fois ce visuel ces derniers jours. Et nous avons envie d’ajouter notre grain de sel à ce burger déjà bien copieux (ou famélique, c’est selon).
 
La question de la normalisation (« adjustment ») de l’EBITDA est cruciale. Aujourd’hui, l’EBITDA est devenu à peu de choses près la seule référence utilisée par les acquéreurs pour valoriser une entreprise. Et la seule utilisée par les banquiers qui vont devoir financer l’acquisition.
 
Bien entendu, c’est un EBITDA normalisé (c’est-à-dire corrigé, ajusté) qui doit être utilisé pour aboutir à une valorisation qui tient la route. Il convient donc de retirer ou d’ajouter à l’EBITDA tiré de la comptabilité l’un ou l’autre élément qui fausse la perception de la rentabilité.

Un résumé facile à télécharger se trouve en fin d’article.

 

Voici les 10 éléments les plus fréquents à corriger :
 
1.    La rémunération du dirigeant. Compte tenu de sa charge de travail et du profil nécessaire, quelle est la rémunération normale que la dirigeante devrait retirer de sa société ? Il peut être difficile de définir une valeur précise car il n’existe pas de table de référence. Mais une chose est sûre : une rémunération de 30.000 € bruts par an pour gérer une entreprise de 40 personnes n’est pas normale. Dans l’autre sens, un back service de 250.000 € dans une épargne-pension ne devrait pas se produire chaque année (sauf si vous négociez le rachat d’une entreprise du BEL20). La différence entre le pack de rémunération du dirigeant et la norme de marché doit donc faire l’objet d’une normalisation.
 
2.    Le loyer. Le bâtiment appartient à la dirigeante qui applique un loyer très bas pour en éviter la requalification fiscale en salaire ? Le bail vient prochainement à échéance et va être reconduit à un tarif supérieur ? Un ajustement de l’EBITDA va devoir être fait !

3.    Le loyer fictif. « Mais de quoi parlez-vous ? » Lorsqu’on valorise une société qui est propriétaire de son bâtiment, on doit faire comme s’il y avait deux sociétés différentes (une immobilière et une d’exploitation). On tiendra compte de la valeur de marché du bâtiment pour valoriser la partie immobilière. La société d’exploitation sera elle valorisée par un multiple d’EBITDA. Une erreur fréquente est de ne pas diminuer l’EBITDA de la société d’exploitation du loyer de marché qu’elle devrait payer à l’immobilière. Cela conduit à une survalorisation.

4.    Plus-value sur vente d’une immobilisation. La gérante a changé de voiture de société et l’ancienne, qui était largement amortie, a été vendue pour plus que sa valeur comptable ? Ne vous attendez pas à toucher ce montant chaque année ! Il convient donc de le retirer de l’EBITDA.

5.    Réparations et travaux exceptionnels. Une partie du bâtiment a été détruite par un incendie, engendrant des coûts importants de remise en état ? Soyons optimiste, partons du principe que cela n’arrivera pas chaque année et rajoutons ces coûts exceptionnels à l’EBITDA. De la même manière, on rajoutera les coûts liés à des travaux d’agrandissement ou d’amélioration.

6.    Interventions d’assurance. Si une assurance est intervenue dans les coûts de réparation évoqués ci-dessus, il faut évidemment en tenir compte également. Le jackpot ne tombera pas chaque année.

7.    Le recours exceptionnel à de la consultance. Une experte a réalisé un audit qualité complet pendant plusieurs mois ? Le site internet a été refait de fond en compte par des spécialistes ? Ces coûts sont non récurrents.

8.    Les réductions de valeur. Un client est au bord de la faillite et une réduction de valeur a été actée sur les créances vraisemblablement irrécupérables ? Cela ne s’inscrit pas dans le cours normal des affaires et devrait faire l’objet d’une correction.

9.    Un subside. La société a réalisé un gros investissement pour lequel elle a obtenu un coup de pouce (« subside en capital ») ? Cet élément non récurrent doit être corrigé. Attention, les aides gouvernementales qui présentent un caractère récurrent (diminution du précompte professionnel, chèques formation, …) ne doivent pas faire l’objet d’une normalisation.

10.    Un litige. La société a dû faire face à des honoraires d’avocat et des frais juridiques importants dans le cadre d’un litige avec un client, un fournisseur ou le fisc ? C’est – espérons-le – exceptionnel. Corrigeons l’EBITDA.


Vous le voyez, l’EBITDA normalisé peut être très différent de ce qu’une lecture trop rapide de la comptabilité peut laisser paraître. Et cette différence peut être positive ou négative. Il se pourrait donc qu’on rajoute une deuxième tranche de viande et une délicieuse sauce dans le burger. Ou qu’il ne reste que la feuille de salade.

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Résumé téléchargeable

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