Lorsque vous cherchez à déterminer la juste valeur d’une société, vous devez procéder à un certain nombre de normalisations du résultat. C’est-à-dire corriger les éléments qui s’éloignent des normes du marché. Ceci doit permettre d’obtenir une image plus précise de la performance de l’entreprise, et donc de sa valeur intrinsèque.
Un point que vous devrez à coup sûr normaliser, c’est la rémunération de la dirigeante. Il est peu probable que cette rémunération soit exactement identique à la norme acceptée par le marché.
Et c’est souvent un point de discorde important dans les négociations entre le cédant et les candidats à la reprise : quel est le salaire normal pour un dirigeant d’entreprise ? Et, donc, à quel point faut-il corriger le résultat de la société ?
Des rémunérations très variables
Certaines personnes aiment les grosses voitures. D’autres mènent une vie très austère.
Il existe des normes encadrant les rémunérations des salariés : salaire minimum légal, barèmes sectoriels, …
Le dirigeant d’entreprise, lui, fixe sa rémunération comme il l’entend. Elle sera fonction de son train de vie mais aussi d’éléments externes comme une volonté d’optimisation fiscale par exemple.
Deux sociétés actives dans un même secteur et de taille comparable peuvent accorder des rémunérations très différentes à leurs dirigeantes-actionnaires.
Il faut donc « normaliser » ces rémunérations afin de pouvoir comparer correctement l’opportunité d’investissement dans ces deux sociétés.
Des formes très différentes
La rémunération d’un dirigeant indépendant peut prendre des formes très différentes. Le chef d’entreprise indépendant compose en effet son pack salarial comme il l’entend, dans la limite de ce que la rentabilité de l’entreprise autorise bien entendu.
Voici une liste non-exhaustive des éléments de rémunération de la cheffe d’entreprise que vous pouvez retrouver dans les comptes de la société :
- Rémunération brute
- Cotisations sociales payées par la société
- Véhicule de société (loyer ou amortissement, essence, assurance, taxes, …)
- Frais de restaurant
- Épargne-pension
- Assurance hospitalisation
- Voyages
- Plan d’options sur actions
- …
Tous ces éléments doivent être additionnés pour déterminer le coût pour la société que représente la rémunération de sa dirigeante.
Une rémunération difficile à objectiver
Vous l’avez compris, il faut ensuite tenter de déterminer la rémunération normale, objective, de marché du dirigeant.
Mais quelle est cette norme ? 60.000 € par an ? 80.000 € ? 120.000 € ?
Difficile à dire car il n’existe pas d’étude fixant un barème.
Retenons néanmoins les grands principes suivants. La rémunération « normale » va varier en fonction de deux facteurs principalement :
1. La taille et le secteur d’activité de l’entreprise:
- Les dirigeants de grandes entreprises ont généralement des rémunérations plus élevées que ceux de petites structures.
- La rémunération peut également varier selon le secteur d’activité, avec des secteurs comme la finance ou l’industrie pharmaceutique qui offrent des rémunérations plus élevées que d’autres.
2. Le profil du dirigeant:
- Si la société a besoin d’un dirigeant avec des compétences techniques de pointe (ingénieur, chimiste, …), il sera logique de considérer une rémunération supérieur à une société pouvant être gérée par un profil plus généraliste (et donc plus facile à trouver).
On parle bien ici du profil qui est nécessaire à l’entreprise, en fonction du rôle du dirigeant au sein de celle-ci. Et non du salaire auquel le dirigeant pourrait prétendre ailleurs en fonction de ses compétences.
Le salaire voulu par le repreneur
La remarque précédente vaut également pour les personnes candidates à la reprise.
Certaines d’entre elles ont une idée bien précise du salaire qu’elles veulent retirer de l’entreprise qu’elles vont reprendre.
Mais cette rémunération est-elle conforme à la norme pour l’entreprise ciblée ?
Nous avons déjà vu des candidats-repreneurs corriger le compte de résultats de très petites entreprises pour y intégrer une rémunération de 150.000 € par an. Il restait alors très peu de bénéfice et le prix qu’ils ont proposé était en conséquence très faible.
C’est une logique que nous ne pouvons pas critiquer. Si ces personnes peuvent vendre leur force de travail 150.000 € par an, il est cohérent qu’elles cherchent une entreprise qui puissent leur garantir un tel niveau de revenu. Elles ont raison de valoriser l’entreprise sur cette base car elles doivent tenir compte du coût d’opportunité : en reprenant cette entreprise, elles renoncent à un salaire de 150.000 € qu’elles pourraient obtenir ailleurs. La société n’aura à leurs yeux pas la même valeur qu’à ceux d’une personne qui gagne 40.000 € par an chez son employeur actuel.
De leur point de vue, c’est parfaitement logique. Mais si l’entreprise n’a pas besoin d’un profil très pointu pour la diriger, elle attirera des candidats repreneurs avec des prétentions salariales plus faibles, dont les offres de rachat seront dès lors supérieures.
L’évaluateur qui cherche à déterminer la juste valeur de l’entreprise devra lui avoir l’approche la plus objective possible : quel est le salaire qui sera attendu par le candidat repreneur « moyen » ?
Une piste : le coût d’un dirigeant salarié
En l’absence de grille barémique pour les dirigeants indépendants, on peut être malin ! Et recourir aux études existant sur les rémunérations des salariés.
Vous pouvez par exemple utiliser le Compas des salaires pour déterminer le salaire auquel prétendrait un salarié à qui on confierait la gestion de l’entreprise. L’outil permet de jongler avec de nombreux paramètres comme le secteur de l’entreprise, sa taille, sa localisation géographique, le niveau de diplôme et d’expérience nécessaire pour bien en tenir la barre.
Vous connaîtrez ainsi la rémunération brute mensuelle que devrait allouer l’entreprise à un dirigeant salarié.
Reste ensuite à convertir cela en un coût employeur annuel en utilisant un outil mis à disposition par un secrétariat social, que vous trouverez également en ligne. Vous disposez à présent d’une référence objective de rémunération « normale » pour le dirigeant de l’entreprise en question.
Normalisation
Maintenant que vous connaissez à la fois le coût actuel du dirigeant pour son entreprise et le coût « normal » qu’il devrait représenter, il ne vous reste plus qu’à corriger le compte de résultats à la hausse (si le coût du dirigeant est supérieur à la norme) ou à la baisse (s’il est actuellement sous-payé).