Quelle que soit la méthode de valorisation que vous allez choisir pour déterminer la valeur de marché de la société étudiée, vous allez utiliser l’une ou l’autre forme de coefficient : multiple d’EBITDA, taux de rendement attendu, nombre d’années de maintien du surprofit, …
Vous allez aisément trouver des références au niveau sectoriel. Mais il faudra les affiner pour les adapter au cas spécifique de l’entreprise dont vous cherchez à déterminer la juste valeur.
Pour cela, vous allez étudier la façon dont l’entreprise se positionne par rapport à certains risques courants. Cette évaluation qualitative vous permettra de déplacer le curseur, vers le haut ou vers le bas.
Pour le dire autrement, certains risques spécifiques à l’entreprise (ou a contrario la résilience dont elle semble être capable) vont vous amener à valoriser la société en-dessous ou au-dessus de la norme de son secteur.
Quels sont ces risques que vous devriez analyser ?
1. RISQUE DE POSITIONNEMENT
Quelle est la proposition de valeur de l’entreprise ?
- Premier prix : si la société a opté pour un positionnement de ce type, dégage-t-elle malgré tout des marges correctes ? Dans le cas contraire, l’arrivée d’un nouveau concurrent avec des coûts de production plus bas pourrait faire passer la société dans le rouge.
- Valeur : il s’agit ici d’offrir un bon rapport qualité/prix. Les sociétés positionnées sur ce segment peuvent souffrir en cas de crise économique, les consommateurs se tournant alors vers des acteurs « premier prix ».
- Premium : ces entreprises ont bâti une image de marque pendant de longues années afin de vendre très cher des produits ou des services perçus comme extrêmement qualitatifs. Cette réputation est un avantage concurrentiel durable.
2. Risque législatif et administratif
- Changements dans la réglementation : Modifications des lois fiscales, sociales, environnementales, etc., pouvant impacter les coûts, les opérations et la rentabilité de l’entreprise. Pensez par exemple au secteur des titres-services dont la rentabilité est presque entièrement déterminée par l’état.
- Procédures administratives lourdes : Complexité et délais dans l’obtention d’autorisations, licences, permis, etc., pouvant freiner le développement de l’entreprise. Un permis d’exploitation ou une autre autorisation vient à échéance dans une avenir relativement proche ? C’est naturellement un risque. Il pourrait ne pas être renouvelé (à temps).
3. Risque lié à l’import-export
La société réalise-t-elle une partie importante de ses ventes et/ou de ses achats à l’étranger ? Le risque sera particulièrement important si ce commerce se fait avec des pays hors du marché commun européen.
- Fluctuations des taux de change : Variations des devises étrangères pouvant impacter la marge bénéficiaire et la trésorerie de l’entreprise.
- Barrières commerciales : Restrictions à l’importation ou à l’exportation, droits de douane, quotas, etc., pouvant limiter l’accès aux marchés étrangers.
- Risques logistiques : Délais de livraison, ruptures d’approvisionnement, dommages aux marchandises, etc., pouvant perturber l’activité de l’entreprise. Une pandémie ou un porte-conteneur échoué en travers d’un canal, ça arrive plus vite qu’on ne le croyait ! Et cela devrait vous inciter à davantage de prudence que si l’entreprise travaille essentiellement avec des fournisseurs et des clients locaux.
4. Risque de nouveaux entrants
- Apparition de nouveaux concurrents : Innovations technologiques, baisse des coûts d’entrée, etc., pouvant menacer la part de marché et la compétitivité de l’entreprise. Les barrières à l’entrée sont-elles fortes ? Ou de nouveaux concurrents peuvent apparaître à tout instant ?
- Changements dans les modèles économiques : Émergence de nouveaux modes de consommation, de distribution ou de production, pouvant remettre en question le modèle d’affaires de l’entreprise. L’acquéreur pourra percevoir la faible présence de l’entreprise sur internet comme un risque ou comme une opportunité, selon son tempérament et ses compétences.
5. Risque lié à la concentration des clients
- Dépendance vis-à-vis d’un petit nombre de clients : La perte d’un client majeur ou un changement dans ses besoins peuvent impacter significativement le chiffre d’affaires et la rentabilité de l’entreprise. Voire la conduire à la faillite si elle ne peut pas adapter rapidement sa structure de coûts. Un repreneur prudent en tiendra compte dans sa proposition de prix. A minima, il conditionnera une partie du prix offert aux résultats futurs (earn-out).
- Risque de défaillance d’un client majeur : L’incapacité d’un client important à honorer ses dettes peut entrainer des pertes financières importantes pour l’entreprise. Vérifiez la solvabilité des principaux clients de l’entreprise, surtout si le poste « créances clients est élevé ».
6. Risque lié à la concentration des fournisseurs
- Dépendance vis-à-vis d’un petit nombre de fournisseurs : Difficultés d’approvisionnement, hausses des prix, etc., peuvent impacter la production, les coûts et la rentabilité de l’entreprise.
- Pouvoir de négociation des fournisseurs : Une forte concentration des fournisseurs peut leur donner un pouvoir de négociation important et augmenter les coûts d’approvisionnement de l’entreprise. Les relations avec les principaux fournisseurs sont-elles contractualisées ?
- Risque de défaillance d’un fournisseur majeur : L’incapacité d’un fournisseur important à livrer ses produits peut perturber la production et la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise. Les fournisseurs sont-ils facilement remplaçables ?
7. Risque de continuité suite au départ de la cédante
- Départ de la dirigeante ou de personnes clés : Quel est le rôle de la dirigeante ? Tout est-il dans sa tête ou des processus clairs sont-ils mis en place et documentés ?
- Dégradation des relations avec les clients, fournisseurs ou partenaires : Les clients sont-ils là pour la qualité des produits/services ou en raison de leur attachement à la cédante ?
Conclusion
L’analyse des risques est une étape essentielle dans l’évaluation d’une entreprise. Elle permet d’identifier les facteurs pouvant affecter sa performance et sa valeur future, et de prendre des décisions d’investissement éclairées.